3.2.2 °Manufactures américaines

yves Publié le 1 novembre 2007 Mis à jour le 1 novembre 2007 Imprimer cette Page

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Les manufactures anglaises, notamment de Pontypoll et Usk, exportèrent leurs productions aux Etats-Unis.

Une manufacture, peut être la plus connue, s’établit à Steven Plains, dans l’état du Maine, vers 1798-1800 grâce à l’esprit d’entreprise de Zachariah Brackett Stevens. A l’époque, il existait déjà des ferblanteries dans le Connecticut.

Esther Stevens Brazer nous apprend que son arrière arrière grand-père Zachariah était apparemment apprenti chez Paul Revere ,héros de l’indépendance américaine, qui passe pour avoir possédé une manufacture de « japanware » vers le milieu du 18ème siècle. Elle était gérée par un anglais, un certain Brisco, qui enseignait l’art du « japanning ».

C’est fort probable, car comment Zachariah, né et issu d’un milieu paysan, aurait-il pu atteindre autrement le haut degré de perfection qui se manifeste dans ses productions ? Ces dernières portent la marque du style anglais, avec des décors représentant essentiellement des fleurs ou de petits fruits, même si l’on en connaît certains comportant des paysages.

Peu après, Brisco s’installa à Stevens Plains, ce qui accrédite l’idée que Zachariah l’avait connu auparavant, peut-être chez Revere. Il emmena avec lui sa femme et ses cinq nièces adoptives qui étaient les sœurs de Francis.

Leur oncle leur avait, bien sûr, parlé de ses talents et elles travaillèrent à la fabrique de Stevens Plains où elles décorèrent de nombreuses pièces. Sally, l’une d’entre elles, était réputée pour ses décors de roses, et l’on dit qu’après son mariage, elle continua à peindre ce motif favori sur divers supports tels que portes, chaises et tables.

Durant tout ce temps, les fabricants de « japanning » du Connecticut furent attirés par Stevens Plains et un certain Goodrich y installa une manufacture. Ils amenèrent avec eux la technique du Connecticut qui s’inspirait naturellement de l’art populaire allemand, suisse et bavarois dans la mesure où beaucoup d’entre eux venaient de l’ancien monde.

Deux écoles fleurirent ainsi côte à côte et se mélangèrent parfois. Les couleurs utilisées par l’école du Connecticut, comme on peut s’y attendre, étaient souvent le rouge, le vert ou le jaune vifs rehaussés de noir. Parfois on rencontre une surprenante bande blanche ourlant le couvercle d’un coffret, un plateau ou une boîte à thé. Elle forme une sorte de liseret mettant en valeur le décor de fruits, de feuilles et parfois de fleurs placé à l’intérieur.

Sur les pièces les plus simples, les tiges, les fleurs et les feuilles étaient composées à coups de pinceau artistiquement appliqués. Cette technique demandait des années d’apprentissage et constitue la marque d’un artisan accompli.

A Stevens Plains, Zachariah fournissait des modèles à ses employés, mais il travaillait souvent lui même sur fond blanc pour les pièces dites de « mariage » dont beaucoup étaient décorées de bouquets, parfois rehaussés de filets dorés. D’autres fois, il utilisait le doré sur fond blanc. Il utilisa aussi le jaune pour les fonds. Ses fleurs présentent la caractéristique d’être nimbées d’une touche de blanc.

Il y a quelques années, Maud Pastor, qui possède une splendide collection de tôle peinte, vint nous rendre visite à Chicago pour voir notre propre collection. Quand elle retourna dans l’Ohio, elle m’envoya une reproduction sur papier d’un plateau décoré par Zachariah qui avait été peinte par son arrière arrière grand-mère, Esther Steven Brazer, et signée par elle. J’ai beaucoup apprécié ce trésor !

Une autre manufacture importante était celle de Aaron Butler. Elle était implantée à Brandy Hill, dans l’état de New York près de Catskills. Il enseigna son art à ses filles, Ann, Marella et Minerva, qui décorèrent beaucoup de ses pièces.

Ann, évidemment la plus âgée, signait ses œuvres « Ann Butler » à l’intérieur d’un cœur, tant il est vrai qu’elle mettait du coeur à ses travaux. Elle adorait cela. Plus tard, elle se maria à un riche fermier, partit loin de la maison familiale et passa dorénavant sa vie à la ferme. On peut espérer qu’elle emmena ses précieuses boîtes de peinture et qu’elle utilisa son talent pour décorer son propre intérieur.

J’ai vu plusieurs pièces produites par Butler, avec des décors d’oiseaux et de cœurs, mais aucune n’était signée

Je possède une boîte à documents ornée d’une guirlande, bordée d’un délicat pointillé et agrémentée de glands, mais sans signature. Je l’utilise quotidiennement pour y garder du pain aux raisins et chaque jour ravive ainsi le plaisir que me procure cette pièce.

Alors que Zacharia fournissait lui même des modèles à ses employés de Stevens Plains, Pontypool et Usk employaient des artistes de talent pour améliorer la beauté de leurs productions. Le style classique était naturellement le plus demandé.

Ecrire sur les manufactures de tôle peinte et négliger la production de Pennsylvanie, serait impardonnable ! Depuis plusieurs années, des ouvrages de référence ont amplement contribué à la connaissance de ces objets.. Certains affirment qu’une production exista à Philadelphie, ce qui est bien possible.En tous cas, elle était appréciée dans toute la Pennsylvanie.

Qu’il n’y ait pas eu de production à Lancaster ou dans ses environs est aussi possible. Mon sentiment personnel est qu’une partie du fer blanc provenait de ces régions. Je ne veux pas dire qu’une production commerciale y ait été développée, bien que le travail du fer blanc y soit attesté par des pièces martelées aux alentours.

Des artisans, capables de découper un pot en métal et de le décorer habilement par martelage, étaient certainement aussi à même de faire des découpages moins élaborés. Si des coffres de mariage, des chaises et des tables étaient décorés ici, pourquoi exclure l’éventualité que des amateurs aient aussi décoré des cafetières, des corbeilles à pain ou à fruits, des plateaux ou tous ces objets qui faisaient fureur.

Bien sûr, une autre possibilité est que, durant la conquête de l’Ouest, nombre d’artisans de la Nouvelle Angleterre, qui travaillaient la tôle, aient quitté leur lieu de naissance pour l’aventure

Pour gagner leur vie, ils peuvent s’être arrêtés dans plusieurs villages prospères de Pennsylvanie, s’y être installés avec leurs outils et avoir produit des pièces propres à séduire les maîtresses de maison.

Ces pièces peuvent avoir été acquises par paire, une pour la cuisine et une pour la décoration. Si cela s’est produit plusieurs fois, dans plusieurs villages, et par de nombreux artisans, de nombreuses pièces décorées devraient avoir survécu, peintes dans les brillantes couleurs prisées par les Pennsylvaniens : bleus vifs, rouges rosés, verts dégradés, et jaunes souvent accentués de noir.

Il est aussi possible que ces hommes aient payé leur nourriture et leurs vêtements en vendant leurs talents, car quelle maîtresse de maison éprise de beauté aurait-elle pu résister à ces charmants objets. Et de plus, à supposer qu’ils aient appartenu à l’école du Connecticut, leur technique de l’art populaire ne pouvait qu’attirer des gens ayant les mêmes racines.

De nombreuses et sérieuses recherches sont menées dans cette direction. Cette énigme trouvera un jour sa réponse, comme il en a été pour d’autres de même difficulté.

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