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5 - Les décors

Posted By yves On 24 mai 2007 @ 19:20 In Non classé | No Comments

 

Il n’est pas aisé de proposer un aperçu  synthétique des formes, des couleurs, des motifs et des ornementations adoptées pour la fabrication des objets en tôle peinte, tant leur variété est grande.

 

Les  formes et les décors ont considérablement évolué au fil du temps en fonction, bien sûr, du goût de l’époque mais aussi de l’état des techniques. Ils varient aussi d’un pays à l’autre.

 

Ce qui suit n’a d’autre prétention que de donner quelques observations glanées ici et là dans la documentation répertoriée en annexe.  

 

Les formes

 

Lady Waltson

 

Ndlr : Où l’on voit que le chauvinisme à l’anglaise a de beaux jours devant lui!

 

La forme des objets, en France et en Italie, s’avère plus raide et moins gracieuse que celle des originaux anglais et hollandais.

La couche de laque est mince. La décoration en couleur est  parfois assez maladroite et peu raffinée. Elle rappelle celle des boîtes en bois et des jouets exécutés  par les Hongrois et les Russes et importés en Angleterre par Charles II.

 

Assez curieusement, les tôles peintes semblent peu prisées en Hollande mais sans doute est-ce parce que beaucoup de ses productions présentent des formes assez lourdes et des décors assez grossiers.

Cependant, il est parfois possible de rencontrer des pièces d’exception telles que deux remarquables bougeoirs en forme de colonnes corinthiennes laquées et dorées.

 

Les cafetières  y sont assez communes bien qu’elles soient rarement d’aussi belles qualité que les deux décorées de chinoiseries sur fond de laque noire détenues dans la collection de Sir Cecil Harcourt Smith. On les voit  plus fréquemment dans le sud de la Hollande, près de la frontière belge, que dans le nord où la forme arrondie à trois pieds prévaut.

 

Les jarres destinées à tenir au chaud les marrons de plus en plus difficiles à trouver, sont rarement de forme aussi gracieuse et de décor aussi raffiné que celles du Pays de Galles.

 

 

 

 

Les couleurs

 

 

Lady Waltson :

 

Les caractéristiques de la production française sont essentiellement celles d’une imitation des laques chinoises et japonaises.

 

Les  couleurs utilisées sont le noir, le vert, le doré,  le crème, le rose Dubarry, le bleu Nattier.

 

Une caractéristique des meilleurs spécimens français est l’exquise texture de velours qui égale, sinon surpasse, les plus fines productions du Pays de Galles ou de la Hollande.

 

Les fonds bruns et noirs avec une bordure ornementale dorée sont les plus répandus mais on peut, à l’occasion, voir de rares laque bleu-vert avec des vignettes peintes de jolis paysages.

 

Le vert, la couleur moutarde, le jaune ne sont pas rares, ni un rouge cire, même si le crème ou l’ivoire est plus beaucoup plus fréquent, surtout  dans les productions françaises ou italiennes et parfois hollandaises.

 

 

Florence de Dampierre :

 

Les couleurs des productions françaises étaient plus vives que celles de l’Angleterre. Elles étaient finies à l’huile de lin, ce qui rendait les surfaces très brillantes mais provoquait des craquelures avec l’âge.

 

En Angleterre, outre des fonds noirs et bruns,  Pontypool et Usk produisaient des fonds à l’imitation de l’écaille de tortue.   

 

 

 

 

 

 

Article « Connaissance des Arts de mai 1955

 

Les tôles vernies de style Régence, style qui s’est maintenu en pleine période Louis XV, sont à fond noir, bleu, rouge, parme ou ivoire.

Ce dernier ton est le plus recherché car il permet les décors polychromes les plus achevés.

 

Les fonds rouges sont aussi recherchés car le rouge est, d’une façon générale, une couleur qui fait grand effet.

 Le rouge lie-de-vin a été employé comme fond pour une cassolette multicolore appartenant au musée des Arts décoratifs.

 

 

 

Les motifs

 

 

 

Lady Waltson

 

La  petite, mais remarquable, collection Marius Paulme,  présente plusieurs objets spécialement intéressants par leur décor de cygnes et autres oiseaux peints en grisaille sur fond mauve. Ils portent de plus la marque du « Petit Dunkerque », un établissement bien connu sous le règne de Louis XVI.

 

Florence de Dampierre

 

En Angleterre, sur le plan du dessin, Pontypool et Usk sont à peu près identiques. Ces deux centres produisaient des meubles de qualité, décorés de fleurs, de fruits, de baies et d’oiseaux sur des fonds bruns, noirs ou écaille de tortue

 

Article  « Connaissance des Arts » de mai 1955

 

 

Le décor constitue, plus encore que la forme, l’élément qui donne leur valeur aux objets de tôle, car la matière était en soi très ordinaire.

Au 18ème siècle, il s’inspirait généralement des porcelaines contemporaines.

 

Ainsi les pièces de valeur de style Régence, comme le cache-pot de la collection Henri Farman, étaient-elles  décorées « au chinois » suivant l’engouement de l’époque pour tout ce qui venait d’Extrême Orient.

 

La somptuosité de certaines pièces faisait des tôles peintes des objets qui connurent dès leur apparition un très grand succès.

On peut citer en exemple un grand vase à anses dont la paire se trouve au musée des Arts décoratifs. Sur le fond bleu clair, ce vase Médicis fin 18ème , de 45 cm de hauteur, est peint d’un paysage à l’italienne dans un encadrement doré et d’armoiries rouges soutenues par des angelots.

 

Souvent  laissé à la libre improvisation de l’artisan, le décor reproduisait parfois tel tableau de maître.

On peut citer à titre d’exemple le cache-pot de la collection Michel Beurdeley, orné d’un cygne, peint  d’après un tableau d’Oudry.

Les artistes qui ont peint des pièces exceptionnelles étaient selon toute vraisemblance des laqueurs de paravents.

 

 

Fruits et fleurs, animaux, paysages à réserves ou entrelacs décoratifs s’épanouissent dans la plus totale fantaisie.

Certains objets utilitaires présentent un décor peint à l’imitation du marbre ou du porphyre.

 

Le musée des Arts décoratifs conserve un encrier de style Louis XVI ornée d’une scène à décor mythologique.

 

Un résumé des différents types de décor sur tôle est donné par les quatre pièces suivantes : un pot couvert d’époque Louis XV, garni de bronze doré, et qui s’est vendu 65800 F le 28 avril 1953 à l’Hôtel Drouot, est orné d’une rose; un vase de la collection Géraldi est décoré d’un paysage à la Vernet et repose sur un socle de tôle peint en faux marbre ; un vase cornet tétraédrique, vert et or, du musée Marmottan ,orné de personnages à l’antique, trahit un style Empire très pur ; enfin un vase cassolette de la collection Antoinette London, orné d’une scène où une élégante et son fils jouent dans un décor champêtre, illustre le temps du Directoire.

 

 

Fascicule édité par la Ville de Paris en 1968 : « Une demeure parisienne au 18ème siècle »

 

Dans ce fascicule, présentant la collection Henriette Bouvier, léguée au musée Carnavalet (cote CMP3614), on trouve la description de deux paires de cache-pots cylindriques en tôle peinte :

 

- au n° 164, une paire d’époque Louis XV,  un fond rose lilas ; sur chaque cache-pot, deux réserves ovales décorées sur fond blanc de motifs différents, rochers, arbres, pavillons, personnages et oiseaux polychromes et or dans le goût chinois, petites anses en fer.

 

-au n° 178, une paire d’époque fin 18ème siècle, un fond à l’imitation d’un marbre rouge-brun. Chaque cache-pot présente deux réserves chantournées, ornées différemment de paysages, oiseaux et personnages chinois polychrome et or, en léger relief, sur fond blanc, anses en fer.

     

 

 

 

 

Les ornementations de bronze

 

On peut poser en principe que la présence de bronze dans la monture prouve quasi-automatiquement la valeur d’un objet en tôle peinte.

 

Un article de la revue « Connaissance des Arts » de mai 1955 distingue les tôles vernies « ordinaires », telles celles de la collection Henry d’Allemagne, et les tôles dites « de luxe», telles celles de la collection Marius Paulme.

 

Les tôles « de luxe », qui sont aussi les plus anciennes,  se distinguent par des qualités très précises, concernant le style (naturellement Louis XV ou même Régence), la forme (ce sont le plus souvent des verrières), la qualité de la tôle (celle-ci très épaisse), le décor (fréquemment  « au chinois » et, dans ce cas, parfois exécuté en Chine  où l’on expédiait les pièces à décorer).

Elles s’adornent  presque toutes d’éléments de bronze doré : anse, encolure, socle, pied.

 

Au début du 19ème siècle, ce sont surtout des lampes quinquets, comme celle de la collection Roger Imbert, peinte en vert, qui s’ornent de bronzes dorés, dans le goût de l’époque

Mots-clés: [1] décors, [2] Tôle peinte

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