yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 22 novembre 2007
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En France
Si, selon Thibault Wolversperges, quantité d’artistes tentaient depuis la fin du 17ème siècle de trouver un vernis capable de remplacer ou d’égaler la laque de Chine, il faudra attendre le début du siècle suivant pour que ces différentes recherches débouchent sur des créations d’une qualité jugée satisfaisante. Fort de ces résultats probants,il suffit de penser aux travaux de la dynastie des Martin , l’envie de nouveautés et les contraintes de la mode firent rebondir ces recherches, après 1750, pour des vernis à usages différents, celui destiné à protéger la tôle participant pleinement à ce mouvement.
Ainsi, le « Mercure de France » signale-t-il qu’en 1762 un certain Desforges a inventé un vernis pour recouvrir et protéger les cuivres. Les Archives de la Seine nous apprennent qu’un marchand forain anonyme s’associa en 1771 avec Martin Berneron, peintre vernisseur de carrosses, pour l’exploitation d’un autre vernis ; ce dernier y engouffra toutes ses économies.
Henri René d’Allemagne propose de consulter le « Dictionnaire raisonné universel des Arts et Métiers, ouvrage contenantl’histoire, la description, la police des manufactures de France et des pays étrangers » de l’abbé PierreJaubert, paru en pleine effervescence révolutionnaire. On peut y lire un article fort documenté sur l’art de vernir les tôles:
« La peinture sur tôle est un usage très ancien en Turquie… On essaya en Italie, en Angleterre, en France et ailleurs d’imiter ce procédé du Levant. Le premier qui y réussit fut un particulier qui s’établit à Rome il y a près de quarante ans. Les vaisseaux qu’il y vendait étaient recouverts d’un vernis qu’il prétendait être le véritable vernis de Chine, à l’épreuve du feu. Pour le prouver, il mettait ses vases sur des charbons allumés sans qu’ils souffrissent aucun dommage quoiqu’ils s’y échauffassent de manière à pouvoir faire du café. ».
Ces expériences stimulèrent la curiosité des chercheurs et bientôt ils découvrirent que le « vernis d’ambre » appliqué sur un métal quelconque ne s’en détachait pas quelle que fut la chaleur à laquelle l’objet était soumis.
Un « Petit traité des vernis » indique que les produits étaient en général à base de térébenthine et d’esprit de vin dans lesquels on dissolvait par cuisson des résines telles que la sandaraque, le copal, le mastic, la poix grecque, la gomme arabique ou la gomme laque. Cette dernière est secrétée par un insecte vivant sur plusieurs variétés d’arbres des Indes orientales. On la connaît dans le commerce sous le nom de laque en bâtons ; introduite dans l’eau, elle donne au liquide une belle couleur rouge .
Certains vernis transparents furent à base de blanc d’œuf et d’ambre dissous dans l’eau de vie.
On utilisa aussi le bitume, l’huile d’aspic, l’huile de lin.
Ainsi, un « Manuel de vernissage et de laquage »indique que les frères Martin utilisaient du vernis copal avec de l’huile de lin. Par dessus les couches de peinture à ladétrempe, venaient autant de couches de vernis…
Le sieur Watin dans « L’art du peintre, doreur, vernisseur » consacre un paragraphe au vernissage des métaux : « Pour vernir une cafetière, un vase de cuivre ou de fer-blanc, polissez d’abord le vase avec une pierre ponce. Prêlez et polissez avec du tripoli. Etendez cinq à six couches de vernis gras au copal si le fond est blanc et au karabé s’il est sombre. Ayant soin de tenir le vase par l’attouchement des mains, attendre que chaque couche soit bien sèche avant que d’en poser une nouvelle. Présentez le vase à une chaleur forte au moment que vous posez le vernis ou si vous le pouvez à la chaleur du soleil : le soleil et le grand air contribuent beaucoup à donner de la dureté au vernis ».
Dans le « Nouveau manuel du fabricant de couleurs et de vernis »de Madame Riffaut (Roret 1862) on trouve un aperçu de quelques unes des nombreuses matières colorantes qui entraient dans la composition des vernis :
lerocou rouge ou jaune rougeâtre ; pâte obtenue à partir des graines du rocouyer que l’on trouve surtout aux Indes occidentales ;
l’orseille lichen argenté qu’on trouve en Auvergne ;en fonction du produit avec lequel il est mélangé donne des teintes rouge, violet, gris;
le cucuma tige rouge, rouge brun,rouge cramoisi ou jaune;
le safran donne différentes en fonction du mélange ;
le noir de fumée.
En Angleterre
L’encyclopédie Wikipédia, rappelle la faible résistance à l’usage des peintures anciennement utilisées. Les finitions qui existaient alors soit adhéraient médiocrement au support soit requéraient une surface poreuse ou organique pour accrocher.
Le procédé du « japanning » par l’utilisation d’un vernis à l’huile et par la cuisson est attribué à Thomas Allgood. A l’occasion de recherches sur une couche protectrice pour le fer pouvant résister à la corrosion, il mit au point une recette qui contenait de l’asphalte et de l’huile de lin. Une fois appliquée sur le métal et chauffée, cette couche virait au noir et était extrêmement dure et résistante.
Lady Waltsonécrit dans la revue « The Connoisseur » d’avril 1931 :
« Une découverte importante pour tous ceux qui s’intéressent aux tôles peintes anciennes a été faite récemment quand, par chance, les formules secrètes qui avaient été perdues depuis une soixantaine d’années furent découvertes dans le journal personnel pour 1864 du père de W.H.V Bythway par ses descendants. Cesformules furent à n’en pas douter placées là dans le souci de les mettre en sécurité et lorsque ce journal annuel fut remplacé par un nouveau, il fut sans doute perdu de vue et oublié.
Il sera intéressant dans l’avenir de voir d’une part quel usage sera fait de ces recettes qui, selon les spécialistes, contiennent sept ingrédients et dix-sept autres en moindre proportion et d’autre part si cette industrie, qui cessa ses activités en 1864, pourra être relancée. Pour plus de détails, on peut consulter la « Free Press of Monmoutshire » du 15 octobre 1928 ».
.D John dans « Pontypool japan » donne une des recettes de « vernis secrets » transmises de génération en génération, recette probablement élaboréeantérieurement à son utilisation pour le « japanning » sur métal:
448livres d’huile de lin vierge
22livres d’ambre ou succin
20livres de litharge
100livres d’asphalte ou bitume de Judé
5livres de résine de cobalt
406livres d’essence ou de térébenthine.
L’huile de lin était chauffée avec l’ambre et l’asphalte alors que la litharge et le cobalt étaient ajoutés lentement. Après refroidissement, la térébenthine était ajoutée. Il existait aussi une « version claire » qui omettait l’asphalte et le cobalt. Cette recette présente une remarquable similitude avec celle pour le vernis doré publiée par Robert Dossie ,1764 et Stalker et Parker, 1688. Dans cette version, l’huile de lin est chauffée avec de la gomme animé, de l’asphalte, de la litharge et de l’ambre dans les mêmes proportions, approximativement, que la recette de Pontypool.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 14 janvier 2009
Il n’est pas aisé de proposer un aperçu synthétique des formes, des couleurs, des motifs et des ornementations adoptées pour la fabrication des objets en tôle peinte, tant leur variété est grande.
Les formes et les décors ont considérablement évolué au fil du temps en fonction, bien sûr, du goût de l’époque mais aussi de l’état des techniques. Ils varient aussi d’un pays à l’autre.
Ce qui suit n’a d’autre prétention que de donner quelques observations glanées ici et là dans la documentation répertoriée en annexe.
Les formes
Lady Waltson
Ndlr : Où l’on voit que le chauvinisme à l’anglaise a de beaux jours devant lui!
La forme des objets, en France et en Italie, s’avère plus raide et moins gracieuse que celle des originaux anglais et hollandais.
La couche de laque est mince. La décoration en couleur estparfois assez maladroite et peu raffinée. Elle rappelle celle des boîtes en bois et des jouets exécutéspar les Hongrois et les Russes et importés en Angleterre par Charles II.
Assez curieusement, les tôles peintes semblent peu prisées en Hollande mais sans doute est-ce parce que beaucoup de ses productions présentent des formes assez lourdes et des décors assez grossiers.
Cependant, il est parfois possible de rencontrer des pièces d’exception telles que deux remarquables bougeoirs en forme de colonnes corinthiennes laquées et dorées.
Les cafetièresy sont assez communes bien qu’elles soient rarement d’aussi belles qualité que les deux décorées de chinoiseries sur fond de laque noire détenues dans la collection de Sir Cecil Harcourt Smith. On les voitplus fréquemment dans le sud de la Hollande, près de la frontière belge, que dans le nord où la forme arrondie à trois pieds prévaut.
Les jarres destinées à tenir au chaud les marrons de plus en plus difficiles à trouver, sont rarement de forme aussi gracieuse et de décor aussi raffiné que celles du Pays de Galles.
Les couleurs
Lady Waltson :
Les caractéristiques de la production française sont essentiellement celles d’une imitation des laques chinoises et japonaises.
Les couleurs utilisées sont le noir, le vert, le doré, le crème, le rose Dubarry, le bleu Nattier.
Une caractéristique des meilleurs spécimens français est l’exquise texture de velours qui égale, sinon surpasse, les plus fines productions du Pays de Galles ou de la Hollande.
Les fonds bruns et noirs avec une bordure ornementale dorée sont les plus répandus mais on peut, à l’occasion, voir de rares laque bleu-vert avec des vignettes peintes de jolis paysages.
Le vert, la couleur moutarde, le jaune ne sont pas rares, ni un rouge cire, même si le crème ou l’ivoire est plus beaucoup plus fréquent, surtoutdans les productions françaises ou italiennes et parfois hollandaises.
Florence de Dampierre :
Les couleurs des productions françaises étaient plus vives que celles de l’Angleterre. Elles étaient finies à l’huile de lin, ce qui rendait les surfaces très brillantes mais provoquait des craquelures avec l’âge.
En Angleterre, outre des fonds noirs et bruns,Pontypool et Usk produisaient des fonds à l’imitation de l’écaille de tortue.
Article « Connaissance des Arts de mai 1955
Les tôles vernies de style Régence, style qui s’est maintenu en pleine période Louis XV, sont à fond noir, bleu,rouge, parme ou ivoire.
Ce dernier ton est le plus recherché car il permet les décors polychromes les plus achevés.
Les fonds rouges sont aussi recherchés car le rouge est, d’une façon générale, une couleur qui fait grand effet.
Le rouge lie-de-vin a été employé comme fond pour une cassolette multicolore appartenant au musée des Arts décoratifs.
Les motifs
Lady Waltson
La petite, mais remarquable, collection Marius Paulme, présente plusieurs objets spécialement intéressants par leur décor de cygnes et autres oiseaux peints en grisaille sur fond mauve. Ils portent de plus la marque du « Petit Dunkerque », un établissement bien connu sous le règne de Louis XVI.
Florence de Dampierre
En Angleterre, sur le plan du dessin, Pontypool et Usk sont à peu près identiques. Ces deux centres produisaient des meubles de qualité, décorés de fleurs, de fruits, de baies et d’oiseaux sur des fonds bruns, noirs ou écaille de tortue
Article « Connaissance des Arts » de mai 1955
Le décor constitue, plus encore que la forme, l’élément qui donne leur valeur aux objets de tôle, car la matière était en soi très ordinaire.
Au 18ème siècle, il s’inspirait généralement des porcelaines contemporaines.
Ainsi les pièces de valeur de style Régence, comme le cache-pot de la collection Henri Farman, étaient-elles décorées « au chinois » suivant l’engouement de l’époque pour tout ce qui venait d’Extrême Orient.
La somptuosité de certaines pièces faisait des tôles peintes des objets qui connurent dès leur apparition un très grand succès.
On peut citer en exemple un grand vase à anses dont la paire se trouve au musée des Arts décoratifs. Sur le fond bleu clair, ce vase Médicis fin 18ème , de 45 cm de hauteur, est peint d’un paysage à l’italienne dans un encadrement doré et d’armoiries rouges soutenues par des angelots.
Souvent laissé à la libre improvisation de l’artisan, le décor reproduisait parfois tel tableau de maître.
On peut citer à titre d’exemple le cache-pot de la collection Michel Beurdeley, orné d’un cygne, peintd’après un tableau d’Oudry.
Les artistes qui ont peint des pièces exceptionnelles étaient selon toute vraisemblance des laqueurs de paravents.
Fruits et fleurs, animaux, paysages à réserves ou entrelacs décoratifs s’épanouissent dans la plus totale fantaisie.
Certains objets utilitaires présentent un décor peint à l’imitation du marbre ou du porphyre.
Le musée des Arts décoratifs conserve un encrier de style Louis XVI ornée d’une scène à décor mythologique.
Un résumé des différents types de décor sur tôle est donné par les quatre pièces suivantes : un pot couvert d’époque Louis XV, garni de bronze doré, et qui s’est vendu 65800 F le 28 avril 1953 à l’Hôtel Drouot, est orné d’une rose; un vase de la collection Géraldi est décoré d’un paysage à la Vernet et repose sur un socle de tôle peint en faux marbre ; un vase cornet tétraédrique, vert et or, du musée Marmottan ,orné de personnages à l’antique, trahit un style Empire très pur ; enfin un vase cassolette de la collection Antoinette London, orné d’une scène où une élégante et son fils jouent dans un décor champêtre, illustre le temps du Directoire.
Fascicule édité par la Ville de Paris en 1968 : « Une demeure parisienne au 18ème siècle »
Dans ce fascicule, présentant la collection Henriette Bouvier, léguée au musée Carnavalet (cote CMP3614), on trouve la description de deux paires de cache-pots cylindriques en tôle peinte :
- au n° 164, une paire d’époque Louis XV,un fond rose lilas ; sur chaque cache-pot, deux réserves ovales décorées sur fond blanc de motifs différents, rochers, arbres, pavillons, personnages et oiseaux polychromes et or dans le goût chinois, petites anses en fer.
-au n° 178, une paire d’époque fin 18ème siècle, un fond à l’imitation d’un marbre rouge-brun. Chaque cache-pot présente deux réserves chantournées, ornées différemment de paysages, oiseaux et personnages chinois polychrome et or, en léger relief, sur fond blanc, anses en fer.
Les ornementations de bronze
On peut poser en principe que la présence de bronze dans la monture prouve quasi-automatiquement la valeur d’un objet en tôle peinte.
Un article de la revue « Connaissance des Arts » de mai 1955 distingue les tôles vernies « ordinaires », telles celles de la collection Henry d’Allemagne, et les tôles dites « de luxe», telles celles de la collection Marius Paulme.
Les tôles « de luxe », qui sont aussi les plus anciennes,se distinguent par des qualités très précises, concernant le style (naturellement Louis XV ou même Régence), la forme (ce sont le plus souvent des verrières), la qualité de la tôle (celle-ci très épaisse), le décor (fréquemment« au chinois » et, dans ce cas, parfois exécuté en Chineoù l’on expédiait les pièces à décorer).
Elles s’adornentpresque toutes d’éléments de bronze doré : anse, encolure, socle, pied.
Au début du 19ème siècle, ce sont surtout des lampes quinquets, comme celle de la collection Roger Imbert, peinte en vert, qui s’ornent de bronzes dorés, dans le goût de l’époque
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 31 mai 2009
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Dans «Objets d’usage et de goûtdu 19ème siècle » (pages 147-148), Marie Noëlle de Gary et Geneviève Musin donnent un intéressant aperçu de l’utilisation de la tôle peinte pour les lampes et appareils d’éclairage.
Des différents types de lampes
A la fin du 18ème siècle, on en était encore au lampion à une ou plusieurs mèches grossièrement tordues, bavantune huile extrêmement visqueuse à même le vase. Cette lampe pétillait, crachait et son odeur était détestable. Elle n’éclairait guère, à peine servait-elle de veilleuse et son entretien accaparait une bonne partie du temps des domestiques.
Selon leur modèle, les nouvelles lampes sont destinées à être appliquées au mur, suspendues ouposées.
La lampe à pompe, à deux réservoirs superposés et système pneumatique de montée d’huile, est un modèle déjà courant. Il avait été mis au point par l’Abbé Preignex et commercialisé dès 1773, comme l’indique l’Almanach Dauphin, avec l’étiquette commerciale du sieur Chénié, quai de la Ferraille à Paris. Un vase tient souvent lieu de réservoir et une fois la cheminée retirée et remplacée par un couvercle, elle devient un élément décoratif, le plus souvent posée sur un piédestal à pieds griffus.
La véritable nouveauté trouve son origine dans « une lampe à réservoir latéral et à niveau constant » imaginée par le chimiste Proust en 1780. Quelques années plus tard, le Genevois Aymé Argand y ajoute un dispositif appelé à révolutionner l’éclairage : un bec « éclairant à lui seul comme dix à douze bougies réunies ».Le « becd’Argand » a une mèche plate, enroulée de manière à donner l’accès à l’air. Elle est maintenue par deux tubes de métal concentriques créant un double appel d’air et donc une meilleure combustion .Une cheminée en métal ou en verre est fixée à distance de la mèche, favorisant le tirage tout en stabilisant la flamme qu’elle préserve des coups de vent.
Cette simple mais savante transformation de la lampe à huile est trop importante pour ne pas susciter des contrefaçons. Le pharmacien Quinquet, fin commerçant, décide d’en entreprendre la fabrication en s’associant à Lange, ferblantier épicier spécialisé dans la vente d’huiles épurées. Désormais, on ne connaît plus que la « lampe à la Quinquet » puis, tout simplement, le « quinquet » et le nom de l’inventeur s’efface petit à petit de la mémoire.
La mise en œuvre de la tôle de fer ou de cuivre étamée sur laquelle on applique un « vernis diabolique » permet tout un répertoire de formes peintes «de la plus belle imitation » et offre l’avantage d’un prix relativement modique. Les lampes les plus élégantes s’adornent d’éléments de bronze dorés à l’or moulu. Pour répondre aux caprices de la mode, les manufactures proposent des formes infiniment variées, certaines réalisations représentant de véritables tours de force.
Les nouveaux appareils sont le plus souvent équipés d’un abat-jour, amovible selon les besoins. Il est soit en métal verni, et sa surface intérieure est blanche pour mieux diffuser la lumière, soit en gaze, appelé alors « garde-vue » ou « gardienne ».Certains modèles d’applique ou à poser sont munis d’un réflecteur qui permet un plus grand développement de la lumière.
Ainsi, grâce aux perfectionnements techniques et à la vitalité des manufactures, la modeste lampe à huile que les tenants du classicisme avaient tenté de faire revivre sous la forme d’une lampe antique, connaît un regain de popularité. Dès la fin du 18ème siècle, l’impulsion est donnée ; les améliorations se succèdent et révolutionnent l’éclairage domestique.
Les modifications de l’emplacement du réservoir à huile, en particulier, permettent la création de luminaires aux silhouettes très variées. En 1810 le ferblantier lampiste Chopin, rue Saint-Denis, reprend le brevet de Parker importé en France par Philips, proposant une solution à l’ombre portée avec un réservoir placé dans le cercle de l’abat-jour. Il fait fortune avec ses « lampes à couronne » munies d’un abat-jour en tôle ou d’un globe en verre opalin.
Mais le système qui prévaut sous l’Empire et après est celui de l’horloger Carcel, rue de l’Arbre-Sec. Ses lampes ou « lycnomènes », comme l’indique son enseigne, contiennent un système d’horlogerie qui régule l’arrivée d’huile au niveau de la mèche.
La tôle peinte
La tôle, qui n’est autre qu’un matériau industriel, ouvre tout unrépertoire de formes pour les objets les plus quotidiens. Depuis quelques années, l’invention d’un vernis résistant à l’eau et à la chaleuret permettant un décor fait la fortune de quelques manufactures avec des objets tels que plateaux, verrières fontaines, seaux à rafraîchir ou encore jardinières….
Sous l’Empire et la Restauration, l’application la plus extravagante et spectaculaire concerne les lampes à huile dont le mécanisme s’est considérablement amélioré durant les dernières années. Leur réservoir donne lieu à des imitations d’objets de toutes sortes, adoptant parfois les formes très raffinées du répertoire classique mais cédant aussi aux caprices de la mode. Bien que moins ouvragé, c’est le décor peint qui donne tout le charme aux objets en tôle, car la matière est en soi très ordinaire.Dans les modèles les plus riches, la tôle peinte s’allie au bronze doré et imite la couleur, les jaspures et les marbrures des pierres dures.
L’éclairage à la bougie
Les nouveaux modes d’éclairage domestiques qui se répandent ne suppriment pas les procédés traditionnels. A en juger par la quantité et la variété de modèles composant des albums entiers, les bougeoirs, flambeaux, girandoles et appliques murales restent les alliés privilégiés de la vie quotidienne.
Le classicisme règne en maître avec la double influence de l’archaïsme gréco-romain et de l’art égyptien, récemment révélé par les savants. Les types de flambeaux les plus répandus comportent un fût tubulaire ou à pans coupés sur piédouche rond, ovale ou quadrangulaire ; les flambeaux « en carquois » et « en balustre » forment une famille aussi nombreuse. Les bobèches simplement évasées sont fonctionnelles pour éviter la chute des gouttes de cire. On peut penser qu’un modèle en faveur donnait lieu à de multiples variations que proposaient les fabricants pour des raisons économiques évidentes.
Le matériau le mieux représenté est le bronze doré à « l’or moulu ». Il existe aussi un large choix en métal doré ou argenté grâce au procédé de l’électrochimie. Le cuivre ou le laiton sont réservés à des articles d’usage courant comme le bougeoir de cave ou d’office. Le fer-blanc est surtout utilisé pour les abat-jour et les réflecteurs.
La tôle peinte ne se rencontre qu’ assez rarement dans la fabrication de ce type d’objets.
Quelques exemples, parmi une remarquable diversité, de lampes et appareils d’éclairage en tôle peinte :
Quinquet d’applique
42
Lampe quinquet murale en tôle peinte noire, le corps orné d’une lyre ocre, le réservoir à huile et l’abat-jour à motifs de fleurettes. Epoque début 19ème.
Coll Cazenave
Suspension Carcel
43
Suspension en tôle peinte orange, procédé Carcel, la couronne ornée d’une frise végétale, anneau de suspension à trois palmettes en laiton doré.Epoque début 19ème.
Coll Cazenave
Quinquet mural
44
Lampe quinquet murale en tôle peinte rouge et verte à longue hampe, abat-jour amovible à décor doré d’une tête de femme, le réservoir à huile en forme de bol à couvercle surmonté d’uneflamme dorée. Epoque début 19ème.
Coll Cazenave
Lustre Epoque Restauration
45
Lustre en tôle peinte jaune, à six bras de lumière en laiton doré ornés de têtes d’homme terminées par des palmettes.Epoque restauration.
Coll A.M Despas
Lustre à six quinquets
46
Lustre à six quinquets, de forme hexagonale en tôle laquée noire et dorée, à décor de palmettes et figures à l’antique. Epoque début 19ème.
Vente du 08/12/2007. SVV Gérard de Dianous, 51 rue Alfred Curtel, Marseille
Bougeoir
47
Bougeoir en tôle peinte rouge, décor doré d’une frise végétale. Epoque début 19ème.Coll Cazenave.
Lampe Carcel de table
48
Lampe de table en tôle peinte orange, procédé Carcel, à motifs dorés de frises végétales. Epoque début 19ème.
Coll A.M Despas
Paire d’appliques
49
Paire d’appliques en tôle peinte rouge, à motifs de végétaux dorés, une flamme dorée au sommet du réservoir. Epoque début 19ème.
Coll A.M Despas
Paire de lampes d’applique à quinquet; Consulat
68
Paire de lampes d’applique à quinquet en tôle peinte rouge et dorée, à décor de figures casquées. Epoque Consulat. H 56 cm ; L 15 cm ; Profondeur : 23 cm.
Provenance : vente Ader 18 juin 1971.
Estimation : 3000 € à 3500 €.
Vente Piasa Paris 28 mars 2008 ; n° 273 du catalogue
Lampe quinquet de table
94
Lampe de table à quinquet en tôle peinte à fond ocre, l’abat-jour orné d’un médaillon ovale en grisaille représentant une scène de personnages à l’antique, frises de feuillages stylisés dans le goût étrusque. Epoque Empire.
Coll Cazenave
Paire de bougeoirs
95
Paire de bougeoirs en tôle peinte à fond rouge, en forme de cylindre légèrement évasé aux extrémités, à base circulaire. Epoque début 19ème siècle.
Coll A.M Despas.
Bougeoir mural à deux feux
110
Porte bougeoirmuralà deux feux, en tôle peinte à fond rouge sang de bœuf, filet feuillagé ocre sur le pourtour ; un auvent décoré d’une palmetteocrée protégeant les flammes; bougeoir amovible formant rat de cave.Epoque Empire ou Restauration.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 2 mars 2011
Les objets utilitaires ont constitué, à n’en pas douter, de par les propriétés du matériau utilisé, un domaine privilégié pour les fabricants de tôle peinte.
Leur diversité est considérable, si bien qu’il apparaît utile de tenter de les classer en deux catégories.
Arts de la table
On peut citer, sansprétention d’exhaustivité,les objets suivants:
-boîte à épices
-cabaret à liqueurs 08
-cafetière 16
-chauffe-plat
-coquetier
-corbeille à pain ou à fruits 09, 86
-coupe à fruits
-couvre-plat
-dessous de bouteille
-égouttoir pour couverts
-fontaine à thé
-fontaine de table 11
-moutardier 73
-oeufrier ou coquetière 81, 83
-panier à bouteille 71
-pot à crème 109
-rafraîchissoir 12, 13, 96, 97, 98
-réchaud 14
-rond de serviette
-salière
-samovar 15, 85, 90
-soupière 10
-sucrier
-surtout de table
-verrier 18
Vie quotidienne
Dans ce domaine encore, la diversité des objets est considérable :
-aiguière 39
-baignoire
-bain de pieds 40
-billet doux 19
-boîte à allumettes avec grattoir 20
-boîte à cordes d’instruments de musique 26
-boîte à perruque
-boîte à poudre
-boîte à thé 87
-boîtes, coffrets, étuis 84, 93
-boîte à musique 75,76,77,78,79
-brûle-parfum
-cage à oiseaux 21
-cassolette à encens
-cendrier
-chaise à porteur
-coffre à charbon
-coffret à mouches
-corbeille à papier 22
-distributeur à coco 70
-encrier 24,74
-éphéméride 25
-étui de rasoir avec son cuir 27
-fontaine murale 28,29,30
-huilier vinaigrier
-jarre à marrons
-lumignon de carrosse 72
-lunette de théâtre 31
-œil de bœuf 32,33
-pendule borne
-plat à barbe
-plateau à courrier 34
-plateaux divers 35,36,88,89
-plumier 23
-porte-allumettes mural 37
-porte-montre
-porte mouchettes 38,41
-pot à eau
-pot à tabac
-tabatière
-vide-poche 80.
Cabaret à liqueurs
08Cabaret à liqueurs à deux carafes et six verres, en tôle peinte à fond rouge, à décor doré de pampres de vigne, reposant sur un socle de bois noirci. Epoque début 19ème.CollCazenave.
Cafetière
16Cafetière en tôle peinte bleue, de forme cylindrique, reposant sur un réchaud cubique ajouré, à pieds griffes, robinet à tête d’égyptienne, avec son filtre. Epoque Consulat ou retour d’Egypte.Coll Cazenave
Corbeille à pain
09
Corbeille à pain en tôle peinte finement ajourée, de couleur ocre orangé à filets dorés, de forme navette, anses à col de cygne, le fond orné d’un bouquet de fleurs polychromes et de palmettes, à quatre pieds griffes. Epoque Empire ou Restauration.Coll Cazenave.
Fontaine de table
11Fontaine de table en tôle laquée noire, frise végétale dorée à la base du col, médaillon argenté à décor de personnages dans un paysage arboré, à trois pieds incurvés terminés en boule. Travail hollandais du 18ème siècle.Puces de Saint-Ouen, Marché Serpette.Décembre 2007.
Rafraîchissoir
12 Rafraîchissoir en tôle peinte, à décor italianisant de personnages dans un paysage en bord de rivière. Epoque fin 18ème siècle.Coll A.M Despas.
Rafraîchissoir
13Rafraîchissoir en tôle peinte, fond rose, orné de guirlandes de fleurs. Epoque Louis XVI. Coll A.M Despas .
Réchaud
14Réchaud de table tripode en tôle peinte à fond noir, de forme chantournée, deux poignées en bois noirci, souligné d’un liseré doré, médaillon en grisaille orné d’un portrait d’homme suspendu par un nœud à une guirlande de fleurs. Travail hollandais de l’époque Louis XVI.Commerce d’art.
Samovar
15Samovar en tôle peinte à l’imitation du marbre rose, de forme cylindrique sur un réchaud ajouré carré, anses à col de cygne, prise de robinet en forme de triton.Coll Cazenave.
Soupière
10 Soupière en tôle peinte jaune ocré, à décor néo-classique de deux personnages ailés, l’un tenant la voile d’une embarcation en forme d’amphore et l’autre, muni d’un fouet, chevauchant un triton.
Coll Cazenave
Verrier
18Verrier en tôle peinte vert foncé,à six compartiments, anse et corps ajouré soulignés d’un filet doré, quatre pieds dorés.
Coll Cazenave
Aiguière
39Aiguière en tôle peinte à fond rouge, à bec verseur effilé et une anse, ornée de guirlandes de fleurs, au col et sur le corps, et d’un médaillon ovale à décor d’un personnage dans un paysage. Epoque Directoire.
Coll Cazenave
Bain de pied
40Bain de pieds en tôle peintesur fond noir, à décor d’un médaillonorné d’une scène pastorale d’une femme avec une enfant dans un paysage, accroché à un nœud et entouré d’arabesques à putti en grisaille, anses feuillagées. Paris vers 1775. H : 36 cm. Marque au revers : Du PetitDunkerken° 42. Commerce d’art en 1998.Extrait de l’ouvrage de Thibault Wolversperges : « Le meuble français en laque au 18ème siècle ».
Billet doux
19Billet doux en tôle peinte à fond rose, à décor tournant d’une élégante dans un paysage arboré en bord de fleuve.
Coll Cazenave
Boîte à allumettes
20Boîte à allumettes en tôle peinte noire, le couvercle à charnière orné d’un médaillon rectangulaire sur fond bistre présentant une élégante au parapluie entourée de deux dandys. Une fente latérale et deux grattoirs, l’un intérieur, l’autre extérieur. France Circa 1830.Coll Cazenave .
Cage à oiseaux
21Cage à oiseaux en tôle peinte rouge et vert pâle, le toit finement ajouré vert avec prise et anneau de suspension rouges, deux mangeoires tournantes cylindriques ajourées à mi-corps, socle amovible tripode, de forme dodécagonale, orné d’un bouquet floral sur fond vert.1ère moitié du 19èmesiècle.Coll Cazenave.
Corbeille à papier
22Corbeille à papier en tôle peintre ocre, à décor d’une gravure coloriée collée sur la tôle, représentant un personnage en robe à col de fourrure, Inscriptions sous la gravure : « David Teniers pinx », « Chéry », « Gandolfi sculp ». Travail anglais. Coll Cazenave
Plumier
23Plumier en tôle peinte moirée rouge rubis, de section ovale, le couvercle et une extrémité ouvrant par une charnière, intérieur laqué noir découvrant un logement cylindrique, pour le porte-plume. Travail français circa 1830.
Coll Cazenave.
Encrier
24Encrier en tôle peinte à fond vert décorée d’une frise de feuillages dorés, à deux godets,l’envers du couvercle orné d’un bouquet de fleurs polychrome, quatre pieds griffes. Epoque Empire.Coll Cazenave.
Ephémèrides
25Deux éphémérides en tôle peinte, l’un à fond vert, l’autre à fond rouge,le premier à décor d’instruments de musique, l’autre à décor d’animaux alternant avec des frises végétales. Epoque Charles X. Coll Cazenave.
Boîte à cordes d’instrument de musiquer
26Boîte à cordes d’instruments de musique en tôle peinte à fond rose, en forme de demi cône tronqué , le couvercle orné d’une mandoline dorée entourée de feuillages. Circa 1830.Coll Cazenave.
Etui de rasoir avec cuir
27Etui de rasoir cylindrique en tôle peinte rose, muni de son cuir, poignée en bois noirci, portant dans un cartouche ovale l’inscription : « Par Brevet d’invention ; Cuirs cylindriques ; à Paris », le cylindre orné aux deux extrémités d’une frise de personnages antiques, faunes et pugilistes. Travail français, Epoque Directoire.Coll Cazenave.
Fontaine murale n°1
28Fontaine murale en tôle peinte ocre, le corps orné d’un coq dessiné en noir dans un cartouche en losange. Epoque Restauration.Coll Cazenave.
Fontaine murale n°2
29
Fontaine murale en tôle étamée naturelle, en forme d’écusson, le couvercle finement reperçé. Epoque Directoire. Coll Cazenave.
Fontaine murale n°3
30Fontaine murale en tôle peinte ocre foncé, le corps orné d’une scène de combat entre deux cavaliers. Epoque Restauration.Coll Cazenave.
Lunette de théâtre
31
Lunette de théâtre, le corps en tôle peinte rouge vif à décor doré néoclassique d’une frise d’enfants ailés jouant dans un parc.Coll Cazenave.
Oeil de boeuf n°1
32
Œil de bœuf en tôle peinte rouge orné d’étoile dorées, cadran émaillé blanc. Epoque Directoire.
Coll Cazenave
Oeil de boeuf n°2
33Œil de bœuf en tôle peinte noire à filets dorés orné d’une frise végétale dorée. Epoque début 19ème.
Coll A.M Despas
Plateau à courrier
34
Petit plateau à courrier rectangulaire (H : 19cm, L : 23,5cm) en tôle peinte, à fond rouge et décor de paysages or dans le goût de la Chine. France, circa 1820.
Commerce d’art. 2007.
Plateau n°1
35
Plateau de forme ovale, en tôle peinte orange à décor lithographié noir, un médaillon central et dix médaillons sur le pourtour représentant des personnages féminins dans des paysages, une frise végétale sur le rebord. France.Epoque début 19ème.
Coll Cazenave
Plateau n°2
36
Plateau rectangulaire à coins arrondis, orné d’un couple de personnages polychrommes dans le goût italien. France, circa 1830.
Coll Cazenave
Porte allumettes mural
37
Porte allumettes mural à décor rustique d’un bandeau de coups de pinceau rouge et vert. Travail du Connecticut, circa 1830- 1845.Conmmerce d’Art américain. 2007.
Porte mouchettes n°1
38
Porte mouchettes en tôle peinte de forme oblongue allongée aux extrémités, orné d’un médaillon polychromereprésentant une scène de personnages dans un cabaret dans le goût hollandais et de palmettes dorées. Epoque fin 18ème – début 19ème.
Coll Cazenave
Porte mouchettes n°2
41
Porte mouchettes en forme d’hexagone étiré, en tôle peinte ocre, filet noir en bordure, orné d’une scène antiquisante : couple dans un paysage exposé aux traits d’Eros. Epoque fin 18ème – début 19ème.
Coll Cazenave
Distributeur de coco
70
Distributeur de coco, en tôle peinte rouge, noir et ocre, de forme architecturale : un dôme circulaire repose par six colonnes fuselées sur un socle cylindriquelui-même porté par une base rectangulaire en forme d’arc à deux colonnes. Epoque 18ème siècle.
Musée Carnavalet.
Panier à bouteille
71
Panier à bouteille en tôle peinte rouge, à liseré doré, constellée de petites étoiles noires, en forme de char rappelant l’antique à deux grandes roues et une petite à l’avant, la tôle finement repercée à l’arrière. Epoque Directoire.
Commerce d’art, L’Isle sur la Sorgue, Janvier 2008. 1800 €.
Lumignon de carrosse
72
Lumignon de carrosse en tôle peinte à fond vert, à décor de bouquets de fleurs polychromes, de forme ovale, manche cylindrique, couvercle ouvrant et tirette finement ajourée. Epoque 18ème siècle.
Coll. Cazenave
moutardier
73
Moutardier en tôle peinte rouge,socle circulaire orné d’un liseré de feuillage doré, coupelle en cristal sur une structure en treillage tripode à têtes de béliers. EpoqueEmpire.
Coll. Badillet
Encrier
74
Insolite encrier constitué d’une couronne circulaire en tôle peinte ajourée rouge (réemploi probable d’un élément de lampe Carcel), reposant sur trois pieds boule, d’une partie centrale portant une coupelle en verre et d’une petite boîte sur le côté, munie de deux crochets, le couvercle orné d’une prise en forme de deux tritons accolés. Epoque début 19ème siècle.
Coll. Badillet
Boîte à musique n°1
75
Boîte à musique de poche à mouvement dit « Tabatière » ; Bordier M ; Circa 1840
Dimensions 103/60/30- Répertoire 3 titres- Long cylindre 70mm- Nombre de lames 72.
Coffret en tôle avec motif des « Chutes du Griefsbach ».
La liste des airs est manuscrite à l’intérieur du couvercle.
Lot n°110 -Vente Artcurial Toulouse 08 /11/2005 Paris Hôtel Dassault
Estimation 300 €à 500 €.
Boîte à musique n°2
76
Boîte à musique de poche à mouvement dit « Tabatière » ; Circa 1820
Dimensions 82/53/22- Répertoire 2 titres- Long cylindre 55mm- 25 blocs de 2 lames séparées.
Coffret en tôle lithographiée, couvercle orné d’une frise de losanges.
Les basses sont à droites (manque une lame)
Arrêtoir placé inhabituellement du côté du cylindre avec renvoi d’angle astucieux.
Lot n°122 -Vente Artcurial Toulouse 08 /11/2005 Paris Hôtel Dassault
Estimation 600€/800€.
Boîte à musique n°3
77
Boîte à musique de poche à mouvement dit « Tabatière » ; Circa 1830/1848
Dimensions 98/58/28- Répertoire 2 titres- Long cylindre 65mm- 14 blocs de 5 lames séparées. Un bloc n’est pas d’origine.
Coffret en tôle lithographiée, couvercle avec scène de combat sur les barricades.
Liste manuscrite des mélodies dans le couvercle.
Lot n°132 -Vente Artcurial Toulouse 08 /11/2005 Paris Hôtel Dassault
Estimation 800€/1000€
Boîte à musique n°4
78
Boîte à musique de poche à mouvement dit « Tabatière » ; Circa 1848 ;
Dimensions 110/65/30- Répertoire 4 titres- Long cylindre 72mm- Nombre de lames : 62.
Coffret en tôle peinte, couvercle décoré d’une scène de genre : « l’arracheur de dents », dans le goût de Teniers.
Carte des airs aux quatre titres.
Lot n°137 -Vente Artcurial Toulouse 08 /11/2005 Paris Hôtel Dassault
Estimation 1300€/1500€.
Boîte à musique n°5
79
Boîte à musique de poche à mouvement dit « Tabatière » ; Bordier M ; Circa 1840
Dimensions 104/60/30- Répertoire 3 titres- Long cylindre 68mm- Nombre de lames : 65.
Coffret en tôle lithographiée, couvercle avec « Cathédrale de Lausanne, vue du jardin de M le Général de la Harpe ».
Lot n°133 -Vente Artcurial Toulouse 08 /11/2005 Paris Hôtel Dassault
Estimation 1000€/1200€.
Paire de vide-poches
80
Paire de vide-poche de forme ovale en tôle peinte à fond vert, ceinture argentée finement découpée, ornés chacun d’une scène de combat, l’une représentant deux dragons attaquant deux fantassins, l’autre un duel au pistolet entre deux cavaliers. Epoque Empire.
Coll. Cazenave
Oeufrier
81
Oeufrier de forme ovale en tôle peinte à fond noir, poignées dorées en col de cygne, quatre pieds griffes, orné de deux bouquets de fleurs polychromes. Commerce d’art parisien.
Encrier
82
Encrier en tôle peinte à fond noir, en forme de navette, le bord supérieur festonné et découpé, quatre pieds griffe dorés, deux godets à encre dorés, sablier en forme d’urne au centre, à décor de scènes champêtres polychromes et de feuillages dorés aux angles. Epoque début 19ème.
Coll A.M Despas.
Oeufrier
83
Oeufrier de forme ovale, en tôle peinte à fond rose pâle parsemé de cartouches vert foncé à encadrements chantournés et dorés, décor de fleurettes et d’oiseaux polychromes, quatre pieds griffe, anses dorées en col de cygne, prise de couvercle en forme de pomme de pin.
Epoque Restauration.
Coll. Cazenave
Coffret à l’imitation du porphyre
84
Coffret en tôle peinte à l’imitation du porphyre, la prise du couvercle dorée en forme de lion couché, quatre pieds griffe. Epoque Empire.
Coll. Cazenave
Samovar
85
Curieux samovar en tôle peinte à fond vert, ajourée en parties inférieure et supérieure, de section ovale, orné d’une frise feuillagée dorée , muni d’une anse. Epoque début 19ème.
Coll. Badillet
Corbeille à fruits
86
Corbeille en tôle peinte brun foncé à fond rectangulaire, bordure évasée arrondie aux extrémités et chantournée sur les côtés, une anse articulée, ornée d’une frise dorée feuillagée et de scènes champêtres polychromes. Epoque fin 18ème.
Coll. A.M Despas
Boîte à thé
87
Boîte à thé en tôle peinte à fond noir, décor doré au chinois. Epoque 1ère moitié du 19ème.
Coll. A.M Despas
Plateau ovale au paon
88
Plateau ovaleen tôle peinte, la bordure à fond vert pâle ornée d’une guirlande de fleurettes, orné d’une scène animalière polychrome , dans le goût d’Oury, animée d’ oiseaux, dont un couple de paons, et d’ un singe s’ébattant dans un parc. Epoque fin 18ème.
Coll. A.M Despas
Plateau à scène champêtre
89
Plateau ovaleen tôle peinte à fond noir, la bordure ornée d’une frise de feuillages dorée, à décor polychrome d’une scène pastorale de berger gardant son troupeau de moutons près d’un arbre et d’une chaumière sur le seuil de laquelle se tiennent deux personnages. Epoque fin 18ème ou début 19ème.
Coll. A.M Despas
Samovar
90
Samovar tripode en tôle peinte à fond rouge, le réchaud reposant sur un socle triangulaire, les anses en anneau avec prises à tête de lion dorées, un liseré doré et feuillagé en bordure haute, orné d’un cartouche bordé d’or à décor sépia d’un cavalier sur un pont encadré d’une maison et d’un arbre. Epoque fin 18ème.Coll. A.M Despas.
Cache-pot
92
Cache-pot en tôle peinte à fond rose, liseré feuillagé et doré en bordure, anses dorées, cartouche à liseré doré orné d’une scène de basse-cour en grisaille représentant un coq et deux poules près d’ une masure . Epoque fin 18ème siècle.
Coll A.M Despas
Boîtes rondes Restauration
93
Ensemble de trois boîtes rondes en tôle lithographiée à décor polychrome, dont deux portant sur des sujets politique et administratif, bien représentatives de la production courante de l’époque Restauration.
Musée Carnavalet.
Verrière
96
Verrière en tôle peinte polychrome, large liséré doré en bordures, ornée d’un décor tournant représentant sur une faceune scène champêtre d’un ânier menant son faix sur un chemin de campagne et sur l’autre trois pêcheurs au bord d’un ruisseau .. Epoque fin 18ème.
Coll A.M Despas.
Verrière
98
Verrière en tôle peinte à fond rose, de forme ovale, à liserés dorés en bordure, ornée d’une guirlande tournante à motif floral. Epoque Louis XVI.
Coll A.M Despas.
Paire d’urnes
99
Paire d’urnes en étain, à décor de paysages laqués et dorés sur fond chamois. Anses à mufle de lion dorées. Epoque début 19ème.
Hauteur : 30cm.
Estimation 400 € à 600 € ; adjugé 2000 €.
Vente SVV Aguttes –Neuilly sur Seine- 17 juillet 2008
Pendule borne
100
Petite pendule borne formée de panneaux de tôle laquée vert à décor d’encadrement de fleurs Elle présente à l’amortissement un vase flammé. Baguettes à rais de cœurs, palmettes et guillochages. Petits pieds griffes.
Première moitié du 19ème siècle.
H : 29 cm ; L : 17 cm ; P : 10 cm.
Estimation 1500 € - 2000 €.
Lot n° 46 ; Vente Piasa 10 décembre 2008
Pot à crème en tôle émaillée
109
Pot à crème en tôle émaillée à fond blanc, muni d’une anse et d’un couverclecerclé de laiton, orné sur la panse de deux cartouchesrocaille polychromes séparés par un bouquet de fleurs, représentant des monuments près d’une rivière, animés de personnages, et sur le couvercle de deux cartouches également rocaille représentant l‘un un voilier, l’autre une scène de pêche en bord de rivière. Epoque Louis XV
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 31 mai 2009
En matière de décoration d’intérieur, on peut citer les types d’objets suivants :
bouquetière murale 01 ;
cache-pots (généralement en paire) 03, 07, 92 ;
cadre
garniture de cheminée 97;
jardinière (généralement en paire) 02, 04 ;
tableautin peint ou lithographié 102;
urnes 99, 107;
pot-pourri 05 ;
vases de diverses formes notamment Médicis;
vasque 06.
Bouquetière et paire de jardinières
01Petite bouquetière d’applique en tôle laquée rouge et or, très usée.
H. : 14, 5 cm - L. : 6, 5 cm. Vente Drouot de la SVV Kahn-Dumousset 29 novembre 2007 lot n° 22102Paire de jardinières à col évasé, en tôle laquée rouge et or, de forme carrée, à décor de femmes ailées tenant des coupes, trophées de musique et feuillages. Elles sont supportées par quatre pieds griffes reposant sur un socle imitant le marbre. 19ème siècle. Haut. : 31 cm.
Vente Drouot de la SVV Kahn-Dumousset 29 novembre 2007 lot n° 22102Paire de jardinières à col évasé, en tôle laquée rouge et or, de forme carrée, à décor de femmes ailées tenant des coupes, trophées de musique et feuillages. Elles sont supportées par quatre pieds griffes reposant sur un socle imitant le marbre. 19ème siècle. Haut. : 31 cm.
Vente Drouot de la SVV Kahn-Dumousset 29 novembre 2007 lot n° 221
Cache-pot
03Cache-pot à deux anses, en tôle peinte, à fond rose, orné d’un médaillon à bordure dorée, représentant un personnage chinois dans un paysage de pagode.Epoque 18ème siècle.Musée Carnavalet.
Paire de jardinières décor tournant
04Paire de jardinières à col évasé, de section carrée, à décor tournant de paysages animés de personnages dans le goût italien.Elles sont supportées par quatre pieds griffes reposant sur un socle carré. Epoque début19ème siècle
Collection Cazenave
Vase pot-pourri
05Vase pot-pourri en tôle peinte, à deux anses et un couvercle, à fond noir, orné à lapartie supérieure d’une large frise dorée à motifs géométriquesde losanges et médaillons ovales reposant par un piédouche sur un socle carré. Epoque Directoire.Collection A.M Despas.
Vasque de forme navette
06Grande vasque en forme de navette en tôle peinte ajourée, vert pâle à décors dorés, anses dorées à col de cygne, reposant par quatre pieds griffes sur un socle ovale. Epoque Empire. Puces de Saint-Ouen, Marché Serpette. Janvier 2008. 8000 €.
Paire de cache-pot ovoïde
07Paire de cache-pots, de forme ovoïde, en tôle laquée sur des fonds noirs d’un décor doré dans des encadrements de feuilles d’acanthe et treillages. Base à doucine. Sur les côtés des masques de satyre à anses mobiles de bronze. Epoque Régence. Eclats. H 23cm ; L 26 cm.Estimation G Dilée 14000/16000 €Vente Piasa Drouot Richelieu 19 décembre 2007 .lot n° 56
Cache-pot
92
Cache-pot en tôle peinte à fond rose, liseré feuillagé et doré en bordure,anses dorées, cartouche à liseré doré orné d’une scène de basse-cour en grisaille représentant un coq et deux poules près d’ une masure . Epoque fin 18ème siècle.
Coll Despas
Garniture de cheminée
97
Garniture de cheminée en étain à l’imitation des laques d’Extrême Orient or sur fond noir, comprenant deux pots aplatis couverts à piédouche et un pot à piédouche rond couvert, prises dorées en plomb en forme de tête de lion. Fin du 18ème, début du 19ème siècle. H. 33cm. Usures, un bouton de couvercle tordu.
Vente Thion ; Evreux 12 octobre 2008 n°219.
Paire d’urnes
99
Paire d’urnes en étain, à décor de paysages laqués et dorés sur fond chamois. Anses à mufle de lion dorées. Epoque début 19ème.
Hauteur : 30cm.
Estimation 400 € à 600 € ; adjugé 2000 €.
Vente SVV Aguttes –Neuilly sur Seine- 17 juillet 2008
Portait d’un homme de qualité
102
Tableautin en tôle peinte à fond orangé, bordure noire à trois filets dorés, portrait en grisé d’un homme de qualité en habit portant un jabot.
Epoque fin 18èmè.
Coll Cazenave.
Paire d’urnes monumentales Travail anglais
107
Paire d’urnes monumentales en tôle peinte et cuivre, le fond de couleur orange foncée, le couvercle en forme de dôme avec prise en bois postérieure, le socle cylindrique supporté par une base hexagonale également postérieure, décorées en partie supérieure d’un bandeau de nymphes dansant dans le style néoclassique, guirlande de feuilles de lierre sur le corps et sur la base. Décor rafraîchi. Travail anglais.
Epoquedébut 19ème siècle.
H: 126,4 cm; L : 37,5 cm;P : 37,5 cm.
Vente Sotheby’s New York 24 avril 2008; Collection Tom Devenish ; lotn° 164.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 1 novembre 2007
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Il est clair que l’Angleterre a été bien avant la France, vers 1730, le berceau de la fabrication d’objets en tôle peinte à Pontypool et à Usk, dans le Pays de Galles.
Les manufactures anglaises exportèrent naturellement leurs productions vers le Nouveau monde où apparurent dès lors des manufactures, notamment dans le Connecticut.
Un article de Agnès L Sasscier, paru en juin 1959, donne un bon aperçu des manufactures américaines
(cf. §3.2.2).
Parallèlement à l’essor du « japanware » en Angleterre, avec laquelle elle avait de nombreux échanges, la Hollande fut aussi un pays d’abondante production de tôle peinte au 18ème siècle.
Nous n’avons malheureusement pas pu réunir pour le moment de documentation sur ses productions.
Il semble que l’Allemagne du Nord ait aussi accueilli quelques manufactures dans la région de Brunswick mais nous n’en savons guère plus.
Même si l’on connaît les lanternes vénitiennes en tôle peinte et si un des premiers vernis semble avoir été inventé par un jésuite italien nommé Buonami, l’Italie n’est jamais citée dans la documentation. Le domaine reste à approfondir.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 26 octobre 2007
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Dans un ouvrage intitulé « Les accessoires du costume et du mobilier du 13ème jusqu’au milieu du 19ème siècle », paru en 1928 (cf. Bibliographie), Henri René d’Allemagnerecense plusieurs desmanufactures parisiennes et donne nombre d’informations fort intéressantes sur leurs fabrications(cf. § 3.1.1).
Excepté pour les articles de commande, les manufactures ne vendaient pas toutes leurs productions directement aux amateurs mais aussi par l’intermédiaire de marchands ayant pignon sur rue pour d’autres activités, et par celui de « commissaires en marchandises », sortes de commis voyageurs.
A Paris, on peut citer trois de ces marchands : Dulac, rue Saint Honoré près de l’Oratoire, EtienneFramery, bijoutier, rue Saint Honoré et Granchez.
En Angleterre, on connaît comme revendeurs des productions des manufactures, la plupart installés à Londres : Blakey, Glover & Chemiot, Charles Grangès, Jacques Monbray.
D’Allemagne consacre une mention particulière au magasin que tenait Granchez, dans la préface de son ouvrage.
Il écrit : « Le petit Dunkerque », tenu par Granchez sous les dernières années du règne de Louis XV et sous Louis XVI, quai Conti à la descente du Pont Neuf, présente : petits meubles, appliques, flambeaux, tabatières, cages à oiseaux, seaux à liqueurs, secrétaires de voyage, écrans, bagues, cachets, moutardiers, pendants d’oreilles. Les laques et la tôle vernie figurent parmi les matières les plus diverses qui sont utilisées. « On paie ces objets à leur juste valeur ». En réalité ces beaux articles étaient très chers!Deux exemples : un écritoire en laque vernie garnie de mathématique d’or à 600 livres ; tabatières et flacons en or de couleur renfermant un carillon jouant trois airs de30 à 50 livres.
Dans un remarquable article, paru dans la revue « Connaissance des Arts », Denise Ledoux-Lebarddécrit les tribulations de la manufacture de Deharme et passe en revue les manufactures sous l’Empire et la Restauration.
Elle s’attache à décrire certains objets exceptionnels fabriqués sous l’Empire, aujourd’hui conservés dans les musées nationaux. Elle montre enfin comment la fabrication des appareils d’éclairage, à l’orée du 19ème siècle, a constitué le second grand débouché des tôles peintes (cf. § 3.1.1) sous l’Empire et la restauration
Les manufactures de la fin du règne de Louis XVI, du Directoire et du Consulat connurent bien des revers, non seulement à cause de la concurrence anglaise, mais surtout à cause des difficultés notamment financières rencontrées par les inventeurs pour exploiter leurs brevets et faire valoir leurs lettres patentes d’où des succès commerciaux laborieux (cf. § 3.1.2).
Ces difficultés sont remarquablement analysées par Thibault Wolversperges dans l’ouvrage « Objets d’art :mélanges en l’honneur de Daniel Alcouffe » (cf. Bibliographie), chapitre intitulé : Les manufactures de tôle vernie à Paris vers 1760-1770 ».
La situation des manufactures s’est indéniablement améliorée sous l’Empire et la Restauration, les nouvelles inventions apparues vers 1800 en matière de lampes à huile et autres quinquets favorisant l’usage de la tôle peinte pour ces objets fonctionnels, matière assez bien adaptée, on le conçoit, à supporter la chaleur.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 10 février 2009
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On a pu voir dans notre aperçu historique qu’au regard de l’Angleterre et de la Hollande, qui furent le berceau de la fabrication des tôles peintes dès l’aube du 18ème siècle, la France ne s’est lancée que tardivement, vers 1769, dans la fabrication de tels objets.
Force est de penser, sans doute avec une pointe de chauvinisme, que le goût français, dans ce domaine comme dans d’autres, fit montre d’une finesse et d’une élégancequi le fait surpasser les productions étrangères.
Mais il n’est pas inutile pour l’amateur français de s’intéresser aux fabrications étrangères, ne serait-ce qu’à titre de comparaison aux plans technique et artistique.
yvesPublié le 24 mai 2007Mis à jour le 16 janvier 2009
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En France
En 1660, au Japon, apparaît un procédé d’application de laque sur des plats en métal. Un marchand asiatique diffuse cette production en France.
On eut, de bonne heure, l’idée de revêtir le fer d’un enduit destiné à empêcher son oxydation car une protection contrela rouille était évidemment importante même si l’étamage avait pu êtremis au point en Allemagne.
Mais l’aspect plutôt modeste du fer-blanc le faisant rejeter, on chercha le moyen de décorer la tôle afin de lui donner une apparence plus en rapport avec le luxe qui était à l’honneur à la fin du 18ème siècle.
Le goût des laques
Un expert, Georges Dillée cite, à propos de la vente d’une exceptionnelle paire de vases pots pourris par la SVV Piasa le 9 décembre 2007, un article dédié à l’engouement pour les laques en France au 18ème siècle, intitulé « Beckford, Madame de Pompadour, The Duc de Bouillon and The taste for Japenese Lacquer in the 18th century, France, Gazette des Beaux Arts 1963 ».
L’auteur, Francis J.B Watson, note que les objets en laque, importés d’Orient, connurent, auprès des collectionneurs parisiens, un enthousiasme équivalent à celui pour les vases en porcelaine.
Néanmoins, peu d’objets en laque, encriers, plateaux et autres petits objets sont décrits dans la profusion de cadeaux offerts par les ambassadeurs de Siam à Louis XIV en 1680. Le Roi reçut une douzaine de petites pièces en vernis japonais. En dépit de leur nombre restreint, ces objets génèrent un grand intérêt, mais qui ne se développa réellement qu’un demi-siècle plus tard.Entre les années 1740 et la Révolution, toute grande collection comportait une sélection dédiée aux laques orientales classées par catégorie, les objets étant désignés sous l’appellation de laques du Japon ou anciens laques du Japon.
Une vente pourrait être citée en exemple : celle du Chevalier Antoine de la Roque en 1745, qui ne comportait pas moins de 57 lots d’objets en laque, rassemblés dans une section du catalogue dont la préface fut réalisée par Gersaint, célèbre marchand mercier dont la boutique, située sur le Pont Notre-Dame, fut immortalisée par Watteau : le tableau est de nos jours conservé au Musée de Berlin. Dans cet essai, Gersaint mentionne la difficulté pour trouver les plus belles pièces et les prix exceptionnels demandés pour les pièces de choix.
Quelques dizaines d’années plus tard, en 1777, Juliot, autre grand marchand mercier, parle également des laques orientaux lors de la rédaction du catalogue de la collection Randon de Boisset. Il encense leurs formes remarquables, leurs dessins originaux, la très belle qualité de leur dorure et leur excellent fini. C’est, de toute évidence, sous la direction de marchands de cette importance que le marché parisien des laques orientaux prit son essor. Les marchands achetaient en vente, ou importaient les pièces les plus rares qui méritaient d’être montées en bronze doré. Les vases tout particulièrement, à l’instar des vases en porcelaine, reçurent d’élégantes montures, le plus souvent dans le goût rocaille, parfois dans l’esprit néo-classique.
Parmi les exemples les plus célèbres, citons tout particulièrement une paire de vases pots-pourris en laque de la Chine, à monture rocaille, conservée au Musée du Louvre et provenant des collections de Louis XV au château de Bellevue, ainsi qu’un très beau vase en laque du Japon des collections de la Reine Elisabeth II à Buckingham Palace, illustré dans l’ouvrage de M Jarry « Chinoiserie, Chinese Influence on European Decorative Art, 17th and 18th centuries, Fribourg, 1981, p216 ».
Pour des modèles à monture néo-classique, mentionnons un rare pot-pourri, également dans les collections royales britanniques (M Jarry, op.citp218) ainsi qu’un vase vendu lors de la dispersion de la collection de M Dubois-Chefdebien, les 18 et 19 décembre 1940, lot n°130.
L’essor de la fabrication en France
Ce n’est vraiment qu’à la fin des années 1760 qu’on vit apparaître en France, la fabrication d’objets en tôle vernie, favorisée par le développement des moulins métallurgiques, et progressivement l’essor d’un commerce d’objets utilitaires et de charme.
Dans le « Dictionnaire raisonné universel des Arts et Métiers » , ouvrage contenant l’histoire, la description, la police des manufactures de France et des pays étrangers » de l’abbé PierreJaubert, paru en pleine effervescence révolutionnaire, on peut lire un article fort documenté sur l’art de vernir les tôles.
La peinture sur tôle, dit-il, est d’un usage très ancien en Turquie. On y peint également sur cuivre. On fait de ces métaux des cafetières, des théières et d’autres vaisseaux qu’on couvre d’un vernis qui résiste à l’action du feu.
La qualité de ces vernis, réunie à la beauté des vases qu’il décorait, excita l’émulation des étrangers.
On essaya en Italie, en Angleterre, en France et ailleurs d’imiter ce procédé du Levant. Le premier qui y réussit fut un particulier qui s’établit à Rome il y a près de quarante ans. Les vaisseaux qu’il y vendait étaient recouverts d’un vernis qu’il prétendait être le véritable vernis de Chine, à l’épreuve du feu. Pour le prouver, il mettait ses vases sur des charbons allumés sans qu’ils souffrissent aucun dommage quoiqu’ils s’y échauffassent de manière à pouvoir faire du café. ».Ces expériences stimulèrent la curiosité des chercheurs qui ne tardèrent pas à découvrir que le « vernis d’ambre » appliqué sur un métal quelconque ne s’en détachait pas quelle que fut la chaleur à laquelle l’objet était soumis.
D’après Jaubert, le premier homme qui fut arrivé à ce résultat pratique est un jésuite italien, Buonanni, qui ayant découvert la manière de couvriret de cuire les pièces qu’il vernissait, constata qu’il était nécessaire, de préférence à tout autre système, de tenir suspendue sur le feu la plaque ou le vase vernis, car de cette façon, toutes les parties étaient chauffées en même temps.
Pour soutenir la pièce dans une position toujours horizontale, pour l’approcher ou l’éloigner plus commodément du feu, il avait inventé un triangle composé de trois baguettes de fer courbées dans leur parties intérieures et extérieures, c’est-à-dire garnies de crans afin que, par le moyen d’un anneau, on puisse serrer les trois baguettes embrassant l’objet ou la plaque exposés au feu avec le minimum de points de contact.
Jaubert nous apprend que les ouvrages de tôle qu’on vernissait le plus commodément après être sortis des mains des ferblantiers ou des chaudronniers étaient « les seaux à mettre à rafraîchir les liqueurs, les seaux à tenir dans l’eau les verres à boire, les cabarets garnis de toutes les pièces qui leurs sont nécessaires, les bassins à barbe, les garnitures de cheminée pour y faire végéter des bulbes de fleurs, les ustensiles de toilette, les corbeilles de toutes grandeurs, les surtouts de table, les plateaux, les vases de toutes espèces de quelque manière que l’on puisse désirer. ».
Les frères Martin, qui avaient acquisune grande renommée avec l’invention deleur fameux « vernis », ne tardèrent pas à s’intéresserà cette industrie amenée de Hollande via le Pays de Galles .Il ne fait aucun doute qu’ils ont largement influencé, par leurs créations, les formes et la production des tôles peintes à la fois en France et en Hollande.
Etienne Simon Martin fut le premier à se lancer à Paris. Il obtient le monopole en 1774 puis il décède en 1777, enterré en l’église Saint Laurent.
Cette même année 1774, Havard signale, dans le « Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration »paru dans «Le Mercure » de mai,qu’un certain Clément s’est installé comme maître vernisseur. Il produit notamment des panneaux de tôle ornés de fruits ou de fleurs destinés à remplacer les traditionnels panneaux de bois peint. Au début, sa production est surtout utilisée pour les carrossesetchaises à porteur. Il ne tarde pas à fabriquerdes objets d’usage quotidien tels que boîtes à thé, boîtes à biscuits, cendriers ainsi que des boîtes à perruque, boîtes à épingles (voir le tableau de Watteau « A l’enseigne de Gersaint »), boîtes à poudre, coffrets à mouches, et tous accessoires de beauté pour ces dames.
Bientôt, plusieurs autres fabriques voient le jour à Paris.
En Angleterre
Selon lady Walston, les objets laqués semblent avoir été importés en Angleterre pour la première fois par Charles II(1630-1685). Selon J Kyrle Fletcher, dans un article sur« Pontypool and Usk-Japan » paru dans le catalogue de la « Special Loan Exhibition » tenue en 1914 dans les « Glyn Vivian Art GalleriesSwansea », il amena de petits articles en provenance de l’Europe de l’Est.
Il n’est pas dit en quelle matière étaient ces objets, mais HJL Massé dans « The Pewter collector » écrit : « Une absurdité parfois commise était de peindre ou de laquer les objets domestiques fabriqués en alliage de plomb et d’étain ». Effectivement, en 1662, il était interdit de peindre ou de dorer les alliages et de telles pièces étaient confisquées, sauf s’il s’agissait d’objets peu importants et simplement destinés à des cadeaux.
La date de 1662 semble bien être la plus ancienne où ce type de décoration puisse être relevé. Un peu plus tard, on voit un certain Thomas Allgood, natif de Northampton, s’installer à Pontypool comme gérant de la maison John Hanbury’s.
Selon « The Hundred of Abergavenny » (cf. Histoire du Montmouthshire), il fut le premier à découvrir un procédé pourlaquer la vaisselle en fer et après plusieurs expérimentations à finir par trouver « une substance, qui pouvant être appliquée à chaud sur le métal, reproduisait une laque dure ».
A sa mort en 1710, il transmit le secret à ses fils et ses descendants continuèrent cette industrie à Pontypool jusqu’en 1822. Une activité similaire se developpa à Usk. La caractéristique principale de ces productions est une finition rappelant l’écaille de tortue ainsi que des décors d’algues rouges et de papillons.
En Hollande
La fabrication de la tôle peinte semble avoir commencé vers 1700.
Il est fort probable que ce soit l’anglais Allgood qui ait été à l’origine de l’introduction de tels articles dans le pays, articles qu’il exportait sur le continent depuis son entrepôt en bordure de rivière à Carleon-upon-Usk via Bristol.
Ultérieurement, la Hollande envoya certaines de ses productionsau Pays de Galle pour qu’elles y soient peintes et décorées.